& les Chroniques
Express
Michel Cloup
"Backflip au-dessus du Chaos"

"Backflip au-dessus du Chaos"
DATES | Sorti le 18 novembre 2022 | Publié le mardi 6 décembre 2022
ET ALORS | Michel Cloup n’a eu de cesse de parler de lui pendant plus de dix ans et quatre albums dans lesquels l’alors quadragénaire se confiait sur son histoire, sa vie, le deuil, ses colères, son enfance, ses amours ses désamours. Si ses trois premiers disques et l’histoire, son histoire, qu’il n’a jamais cessé de vouloir nous narrer étaient magnifiques et touchants, le quatrième , "Danser danser sur les Ruines" arrivé en 2019, sonnait comme le disque de trop. Avec "Backflip au-dessus du Chaos", le ton a changé, l’homme a changé, Michel Cloup s’intéresse enfin aux autres, il ne se lamente plus, il crie, il ne se plaint plus, il s’insurge, il ne parle plus de lui mais de la vie, celle des autres, la nôtre. L’écriture est ciselée, dure, âpre, "Vieillir" est bouleversant, "Lâcher prise" magnifique. La construction du disque est maline, et son rythme vraiment étonnant, presque déroutant, avec des breaks et des interruptions inattendues, un semblant d’électronique, une guitare fulgurante qui sait parfois rappeller celle de Diabologum, on pense parfois à Pascal Bouaziz et à Mendelson pour l’écriture mais on l’imagine souvent improviser, on pense à notre vie, à nous, à lui. Le disque est sombre, dur, intense, vrai. Michel Cloup est enfin devenu sympathique.
CONNEXE | Diabologum

Bank Myna
"Volaverunt"

"Volaverunt"
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le jeudi 7 avril 2022
ET ALORS | Un album qui paraît simultanément sur cinq labels différents, en voilà situation inédite et réservée à "Volaverunt", le premier album de la formation française Bank Myna, dont le nom est celui, en anglais, d’un oiseau : le Martin des berges. Dès lors, il n’est pas étonnant de découvrir un chant féminin et franchement assuré, qui s’élève gracieusement au dessus des déchaînements orchestrés de "Volaverunt", sur ce post-rock tour à tour expérimental, sacré puis mécanique. Mystérieuse et puissante, la musique de Bank Myna possède un avantage irrésistible : cette voix dont l’apparente fragilité rivalise avec la pression de ce monolithe de cinq titres enchaînés qui composent un disque fascinant, encadré par l’interventions de cloches qui sonnent au début et à la fin, suggérant le passage d’un rite initiatique. Les intonations et le timbre de Maud Harribey font penser ici ou là à ceux de Lisa Gerrard, entrainés par une basse qui laboure tout sur son passage. Mariant avec audace dream pop, drone et post-rock expérimental, "Volaverunt" se révèle être un disque mystérieux et vraiment à part, d’une élégance et d’une puissance rares, pour lequel il fallait bien les efforts conjugués de cinq labels pour briller dans toute sa splendeur.

Yasuaki Shimizu
"Dementos"

"Dementos"
DATES | Réédité le 16 janvier 2019 | Publié le mercredi 30 janvier 2019
POURQUOI | Orchestration sophistiquée | Remasterisation | Inventions sonores et textuelles | Pochette
ET ALORS | Les adeptes de japonisme connaissent déjà Yasuaki Shimizu par le biais de ses compositions électroniques dans le domaine publicitaire. D’autres l’ont sans doute découvert en tant que saxophoniste expérimental. Voici la réédition de "Dementos" (1988) qui nous éclaire un peu plus sur la facette pseudo accessible de l’artiste. Il se révèle ici en véritable crooner qui malaxe des sonorités techno funk new-yorkaises avec des percussions indiennes, triturant des phrasés mandingues avec des inventions de langages dans un creuset de world music précieuse telle que la pratiquait Ryuichi Sakamoto avec son ensemble Neo Geo. Élégantes, exotiques et raffinées, ses pop songs se savourent sans modération aux côtés d’autres miniatures de David Byrne, David Sylvian ou Masami Tsuchiya dont le timbre de voix se rapproche beaucoup.










